1
Crédit photo : Adrien Desse
En route pour Belfort, SuperChevreuil a fait halte en compagnie dâun troupeau de quadrupèdes bêlant, le temps dâun entretien à distance. Anne-Elisabeth -Babeth- Decologne (contrebasse, voix), Adrien Desse (batterie) et Jérémie Guillemin (saxophone) ont tous trois mis leur patte à cette conversation qui sort SuperChevReuil du bois et rend hommage au plaisir de la rencontre.
H.G : Vous vous être rencontrés comment tous les trois ?
Adrien Desse : On était dans des promos différentes au PESM (Pôle école supérieure Musique de Bourgogne-Franche-Comté) et on sâest rencontré à ce moment-là , on faisait des sessions de temps en temps, mais le groupe sâest constitué pas mal dâannées après.
Jérémie Guillemin : Pendant le confinement, câétait une proposition dâun comédien qui sâappelle Marc-Henry Lamande, qui nous a dit, alors que tout partait à vau-lâeau, « venez dans le Limousin et puis on sâorganise une petite tournée », rurale, informelle, selon les rencontres, selon les espaces… On est parti pour improviser avec lui et ses textes, sur les places de villages et on a joué dans toutes les conditions, câétait génial, devant des abbatiales, sous la pluie, dans des granges, sur des places, dans des forêts⦠vraiment tous les contextes.
On a écrit un répertoire comme ça, en direct, selon les improvisations et après on a eu envie de le sédimenter, le mettre en place ; on sâest pris en main et on sâest retrouvés en résidence pour écrire ça.
H.G : Ãa mâamène à la question de vos inspirations, dans vos morceaux disponibles à lâécoute, il y a des références multiples, est-ce que ça vient de cette genèse qui était déjà transdisciplinaire ?
J.G : Oui, mais ça vient aussi de nos parcours, on est un peu des touche-à -tout, Adrien travaille pas mal avec la danse, Babeth vient plutôt du classique, moi jâai fait beaucoup de choses avec le théâtre, pour des compagnies, et aussi du cirque. Lâidée câest de faire respirer, rejaillir un peu tous ces aspects-là dans notre musique… Aussi pas mal de choses cinématographiques, des musiques de films, de courants rock, jazz, pop, expérimental. On est dans un processus de recherche, pour lâinstant on nâa pas encore enregistré notre album, ce qui sera fait à La fraternelle au mois dâaoût, mais on a envie dâaller encore un peu plus loin dans nos délires… Qui tirent de plus en plus vers lâélectrique, câest pour ça que les nouvelles versions comportent plus de synthé, dâeffets, et on veut mettre plus de voix, câest un travail en cours.
Anne-Elisabeth Decologne : Comme lâa dit Jérémie, on a envie dâapporter de nouvelles couleurs à notre musique et de donner de plus en plus dâimportance à la voix, sachant que câest un travail quâon a à faire tous les trois pour sâaccorder là -dessus, moi câest vrai que jâaime bien donner un petit peu de voix.
H.G : On aurait pu sâattendre à une recherche de textures acoustiques avec ce nom qui évoque le sauvage, ou le naturel ?
J.G : On sâest posé la question surtout que Babeth a beaucoup travaillé en contemporain sur les modes de jeu acoustiques, Adrien aussi⦠Mais lâidée avec ce nom câétait super-héros, un peu carton-pâte ; les effets, le côté électrique nous emmènent vers ce décalage.. Faire en sorte que le saxophone agisse comme une contrebasse, de sortir de nos instruments de façon radicale, de changer de rôles et dâen jouer, câest un terrain supplémentaire, ce qui nâexclut pas des passages beaucoup plus acoustiques, mais on ne veut rien se refuser, SuperChevreuil câest lâidée dâune multiplicité des possibles.
A-E. D : Jâévolue dans un milieu classique, donc par définition lâélectrique, la contrebasse branchée, les effets, la distorsion des sons, ce sont des choses que jâexpérimente essentiellement avec SuperChevreuil et un peu pour moi à côté, mais câest grâce à ce projet-là en particulier que ma pratique de lâinstrument sâouvre à ça, et câest précieux pour moi.
J. G : La gageure câest à la fois de travailler tous ces aspects en gardant une forme de radicalité. Notre écueil ce serait dâen faire un pot pourri, donc il faut assumer de pousser les limites de chaque influence, et câest un défi que jâaime dans ce groupe-là .
H.G : Et lâenregistrement à La fraternelle, vous lâenvisagez comment ?
J. G : On aimerait bien enregistrer ce quâon a et aussi se laisser surprendre, créer quelque chose de nouveau sur place. Une part de traces et une part de création en direct. Cet esprit dâimprovisation, on a vraiment envie de le garder. Il y a un groupe quâon a bien aimé câest Jean-Louis, la façon dont ils bossaient avec des riffs et selon le concert tout pouvait se jouer à nâimporte quel moment. On a des riffs, des thèmes, mais on aime bien prendre la liberté de pouvoir déstructurer les structures. Ãa câest quelque chose quâon vise.
H.G : Puisquâon vient aux concerts, quâest-ce que vous pouvez nous dire de la tournée qui sâannonce ?
A. D : Que ça va être bien ! On a déjà un peu commencé avec la date à Lanans chez La petite Suzanne, une petite asso qui se donne les moyens et organise des trucs très chouettes, les gens étaient réceptifs, super ambiance. Le 21/05 à Belfort, serons cet été au festival Jazz à Semur et après ça repousse en décembre ; on aura enregistré dâici là , on aura encore un autre regard sur notre musique, je pense.
J. G : Et par rapport au CRJ câest une super aide aussi pour nous ! Pour moi lâidée dans la création de SuperChevReuil câest le plaisir de la rencontre : dâétablir des ponts avec les gens susceptibles de nous écouter, parler de leurs expériences et les mettre en musique. Le plaisir de cette musique câest le plaisir de la rencontre et de développer cette rencontre à travers la musique.
En tournée avec le CRJ : Vendredi 8 juillet : Jazz à Semur (21) Jeudi 1er décembre : LeBloc - Dijon(21) Vendredi 2 décembre : L'Arrosoir - Chalon-sur-Saône(71) Samedi 3 décembre : La fraternelle - Saint-Claude (39)