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Lucas Le Texier

Yonatan Hes, Pierre-Antoine Savoyat, Jonathan Chamand et Loup Godfroy, quatre amis de longue date, s’amusent autour du free et de son héritage dans Sornette, quartet colemanien. Rencontre avec Loup, batteur de la formation, qui évoque son groupe et sa pratique du free.

Quand on commence à écouter votre Soundcloud, nul doute que Sornette, c’est pour Ornette, n’est-ce pas ?

En effet, c’est pour Ornette Coleman. On se connaît depuis longtemps et on s’est rencontré en jouant et en s’amusant avec les standards. On aime la musique d’Ornette, car il y a cette espèce de liberté et d’humour, bien que ce soit très sérieux… Alors on s’est dit qu’on allait monter un quartet prolongeant cette vision. En plus, on a la même formation que le quartet typique de Coleman, sans piano. Et puis, pour le nom, au-delà de la ressemblance avec Ornette, les « sornettes », ça signifiait quelque chose d’assez léger, un petit clin d’œil qui nous faisait sourire.

Comment ce goût pour l’un des hérauts du free est-il venu ?

On a tous un parcours dans le jazz. On reste très ouverts sur des musiques plus avant-gardistes, dont celle d’Ornette. C’est une grosse influence le free, chez nous, et c’est ce qu’on a essayé de capter dans nos compos et nos manières de jouer.

Vous vous êtes concentrés sur une période précise de Coleman ?

Pas trop à vrai dire, on a juste cette ressemblance avec le quartet sans instrument harmonique.

Les ressemblances sont en effet frappantes. « Song for Evolution »qui fait penser au « Lonely Woman » ; « Godverdomme ! »plutôt aux thèmes de Something Else… Y’a-t-il une façon bourguignonne de jouer Ornette Coleman ?

La passion, c’est peut-être ça, la façon bourguignonne : transmettre l’envie autour de cette musique. On l’aime, et on le montre. Gentiment.

Comment s’est formé l’équipage de Sornette ?

La première fois qu’on a joué avec ce quartet, c’était un peu pour rire sur le marché de Cluny. Tout de suite, ce fut très instinctif entre nous. Je crois que ça résume bien ce groupe et notre façon de nous approprier l’héritage de Coleman : c’est aussi simple que ce moment où on a joué dans la rue. Y’a eu ce truc, un lien né du contact populaire, simple avec les gens. On voulait simplement jouer, faire sourire les passants, faire du free devant n’importe qui.

Le free, simple ? Pourtant, on pourrait penser le contraire.

Je vais faire attention à ma réponse, car ce n’est pas évident [rires]. Bien sûr, le free, ce n’est pas simple à jouer. Pourtant, nous on tient à cet esprit enfantin. Les sornettes, c’est aussi cette bêtise d’enfant. C’est comme ça qu’on joue le free, en s’amusant, et c’est ainsi que les gens s’y retrouvent et s’amusent avec nous. C’est une façon d’intégrer le public dans la façon de jouer. Il faut dire que c’est plus facile dans la rue, le public et nous sommes en contact rapproché.

Outre Coleman, d’autres influences ?

Il y en a pas mal. Je pense à Mark Turner pour la composition, John Coltrane pour l’impro… Mais bon, le reste du groupe aurait sans doute d’autres noms à la bouche.

Décrivez-moi votre processus de composition.

Chacun amène ses propres compositions. Ensuite, soit le morceau est hyper complet et on le joue, soit on voit ensemble. La majorité du travail est collectif et se situe au niveau de l’arrangement. Une composition est bien faite et finie lorsque l’on peut prendre des libertés et improviser dessus.

Avez-vous prévu un album prochainement ?

Pas pour le moment. Même si on joue ensemble depuis longtemps, c’est depuis peu que l’on joue ce répertoire. Donc, pas pour tout de suite, mais c’est sûr que l’on aimerait bien.

Quand est-ce que l’on pourra voir Sornette ?

Dans moins d’un mois, nous serons à Nevers le 10 mars. Puis, le 29 octobre à La fraternelle, et le 23 novembre à la Vapeur. D’autres dates sont en tractation.

Propos de Loup Godfroy recueillis le 12 février 2022

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