Crédit photo : Patrick Martineau

Robinson Khoury (trombone), Mark Priore (piano), Etienne Renard (contrebasse), Elie Martin-Charrière (batterie), Manu Codjia (guitare)

Pascal Anquetil

Zoom sur… Robinson Khoury « Frame Of Mind »

A seulement 25 ans, Robinson Khoury est un jeune homme pressé, aussi doué qu’occupé. Primé en 2014 (il n’avait pas 20 ans !) comme meilleur instrumentiste au concours national de jazz de La Défense, déjà co-leader de projets collectifs très réussis tels Uptake, Sarab et Octotrip, sideman très demandé (Le Sacre du Tympan, Ibrahim Maalouf, Natacha Atlas, Marcus Miller, etc.), engagé récemment comme soliste au sein du prestigieux ensemble hollandais Metropole Orkest, le tromboniste viennois (Isère) est aussi à la tête d’un quintet sous son seul nom, composé de Mark Priore (piano), Etienne Renard (contrebasse), Elie Martin-Charrière (batterie) et Manu Codjia (guitare). Juste avant le premier confinement, le 19 février 2020, lors d’un concert de présentation au New Morning, un premier disque est sorti. Son titre ?  “Frame of Mind”, soit “ Etat d’esprit“ en français. Dans cet album salué par une critique unanime (CHOC Jazz Magazine, etc.), la musique y circule librement avec une belle énergie créatrice en invitant l’auditeur à voyager au fil des plages dans des univers variés et colorés, tantôt jazz, blues et même orientaux. Ce quintet où brillent deux bourguignons (Elie Martin-Charrière et Etienne Renard) bénéficie cette année du dispositif “Soutien aux concerts du CRJBFC”.

Que pensez-vous de cet avis émis par Xavier Prévost concernant “Frame of Mind” : « Ce premier disque est tout à la fois une carte de visite, une signature, et un manifeste artistique » ?

Il a tout à fait raison. On a toujours du mal à concevoir un premier disque. C’est forcément un melting pot de styles et d’influences (blues, hard bop, jazz moderne tendance Freddie Hubbard, etc.) qui annoncent les voies que je désire explorer dans l’avenir. J’espère que ce disque manifeste au mieux ma personnalité musicale à travers mon jeu de trombone et mes compositions. A l’exception d’« Ask me Now » de Monk, j’ai en effet composé tous les titres de l’album dans lequel j’ai eu l’envie d’associer des amis musiciens qui ont marqué mon parcours de jeunesse. Comme Thibaud Savy, pianiste avec lequel j’ai beaucoup joué quand j’étais adolescent à Vienne. Et bien sûr mes deux parents, essentiels tout au long de mon épanouissement de musicien : Philippe Khoury, pianiste et coordinateur du département de jazz au Conservatoire de Vienne et Frédérique Brun, chanteuse et enseignante dans la même ville. J’en suis très heureux : ce disque est une production familiale puisque mon père y a joué le rôle d’ingénieur du son et ma mère, outre sa participation avec ses « ambiances voix », a géré toute l’intendance, à savoir l’accueil et l’hébergement de tous les musiciens.

Mon quintet de base est composé de trois amis du même âge que moi et avec qui j’ai développé une complicité musicale très stimulante. A savoir, Mark Priore, Etienne Renard et Elie Martin-Charrière. J’ai aussi souhaité associer à mon groupe un musicien original et riche d’une grande expérience personnelle. Je suis un grand fan de Manu Codjia guitariste dont j’aime le jeu rock blues, condensé de nombreuses influences magnifiquement digérées. Je trouve que l’alliage sonore trombone/guitare fonctionne ici à merveille. Un nouveau musicien devrait prochainement participer, en tant qu’invité, au groupe : le vibraphoniste Simon Moullier qui vit actuellement à New York. Vu son immense talent, il poussera à coup sûr la formation vers le haut et fera partie du prochain album dont j’ai déjà écrit presque toutes les nouvelles compositions…

Quel rapport entretenez-vous avec cet instrument si difficile qu’est le trombone ?

A vrai dire, à part mon modèle Jay Jay Johnson, dont j’admire le jeu si fluide, je dois confesser que j’ai très peu écouté de trombonistes. J’ai toujours essayé de ne pas penser cet instrument seulement comme un…trombone. Afin de ne pas reproduite un jeu trop standard et formaté. Sans jamais être dans la maitrise totale de mon trombone, j’aime toujours jouer à la limite de mes possibilités techniques. Nourri d’un fort bagage classique que j’ai acquis jusqu’à la fin de mes années CNSM afin de rester dans le cadre, ne pas déraper et partir en vrille, je suis « virtuose » dans le sens où je tente de jouer des choses que je ne sais pas encore faire. Au fur et à mesure, à force de faire et refaire, répéter et insister, cela finit toujours par « passer », ce qui me permet d’autres chemins et horizons. Plus le temps passe et plus j’ai envie de m’éloigner du côté “beau et joli trombone” pour d’explorer de nouvelles facettes expressives, voire expressionnistes de l’instrument à coulisse. Outre le trombone, j’avoue que j’aime aussi beaucoup la joyeuse confrérie des trombonistes. Une vraie fraternité nous unit. Sans doute parce que ne sommes pas nombreux et qu’il y a donc du travail pour tous. Du coup nul esprit de rivalité ne vient polluer notre entente. Ceci explique qu’il règne toujours une bonne ambiance dans une section de trombones au sein d’un big band. On se doit de bien jouer tous ensemble parce que c’est nous qui faisons sonner tout l’orchestre du fait que nous avons la position du medium dans le piano. Dans un grand orchestre, on est au cœur de l’harmonie.

« Frame Of Mind » bénéficie du dispositif « Soutien aux concerts » du CRJ en 2021. Plus d’infos : https://www.crjbourgognefranchecomte.org/groupes-soutenus

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