Crédit photo : DR © Potlatch

Hoël Germain

Don d’oraisons

Après un premier EP prometteur (Agora) paru à l’automne 2017, le quintet bisontin a pris le temps de la maturation en scènes avant de nous revenir sur disque. On ne peut qu’être reconnaissant à Potlatch de nous offrir un tel éventail de pérégrinations transfrontalières : en pleine dérive d’intérieur quoi de mieux que de nouveaux Horizons ? D’autant que les trois années ont été mises à profit ; là ou Agora témoignait d’abord d’un plaisir de jeu commun, Horizons a des histoires à raconter, et Potlatch s’en est donné les moyens. Le quintet installe régulièrement ses récits à partir d’ostinatos entêtants, largement dévolus à la guitare de Jordan Teixeira, artisan de dentelles rythmiques aux motifs de trouble rêveur. L’intrication des phrases qui associent les deux soufflants Florent Ormond (saxophone soprano, duduk) et Constantin Meyer (trombone, serpent) et ces boucles de six cordes éthérées, soulignées ou contournées par le duo rythmique Louis Vicérial (basse) et Hugo Dordor (batterie), fait tout le sel de l’ouverture Mood, de l’exposition du thème d’Hors Cadresou encore de la montée en puissance de Houle.

L’ensemble, très maîtrisé, textures et effets servant une approche assez enveloppante du son[1], est souvent sur la retenue, le quintet semblant résolut à ne pas lâcher la mélancolie qui sourd de ses compositions. Contraste garanti avec des chorus filés en long crescendo, où l’expression prend volontiers des formes extatiques, jusqu’à la saturation (d’une Rive à l’Autre) ou au dérèglement (le final de Dune). Dans cette veine, OO part III, qui fait la part belle aux vents introduits par les assonances balkaniques et moyen-orientales du duduk, conclue en solennité déchirante cet itinéraire homérique. Si l’on se figure que la traversée qu’évoque Horizons n’a rien du loisir nautique, se laisser embarquer par Potlatch est en revanche un vrai plaisir, à portée de toutes ouïes.

Pour obtenir l’album physique ou numérique cliquez ici


[1]Enregistrement made in Besac, au studio Le Zèbre.

Laisser un commentaire Annuler la réponse.

<!–