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Guillaume Malvoisin

Mamie Jotax, musique sans âge

Camille Maussion et Carmen Lefrançois ont créé ce duo en 2017. Elles travaillent avec grand soin depuis. Dernier câlin, un album timbré, comme il se doit. Paradoxe. Comme son nom se garde bien de l’indiquer, Mamie Jotax vient des terrains d’enfance. Des terrains, plus justement, des scènes d’enfance, celles de spectacles comme Baby Jotax ou ça mijote.

Du spectacle le duo a gardé le goût de la dramaturgie et ce Jotax patronymique. Presque une interjection, plus qu’une imprécation. Un conseil, plutôt. À viser les marges, à marcher sur le bord des fossés. Sur le fil du rasoir, aussi, tant la musique de ce duo scénique devenu duo musical est ciselé avec un soin et une précision diabolique.

Avec l’âge Jotax devient aussi Mamie Jotax. Nourrie en élucubrations et en saillies pesées par deux filles. Deux filles, deux parcours. Presque un diamètre d’opposition, et pléthore de points de jonction. C’est heureux.

Dans Mamie Jotax, le disque, tout cela affleure et converge. Le jazz, la langue d’improvisation, le goût du texte pour Camille Maussion, entendu entre autres dans le très beau Nefertiti Quartet. La rudesse féconde du contemporain, la pensée en action dans un orchestre comme L’ONCEIM, la compagnie des compositeurs et l’exigence personnelle pour Carmen Lefrançois. Et Mamie Jotax de s’accorder dans cet album à faire feu de tout bois, forte d’une intimité exposée avec pudeur, d’une invention musicale proposée plus qu’imposée (Brise Brisée). Ailleurs, c’est le retour aux jeux d’enfance (Montjalva) ou l’explosion d’une douceur volubile (La Bérinoise). Dernier paradoxe, à elle deux, Maussion et Lefrançois n’atteignent pas l’âge d’être Mamie. Or leur musique vient, déjà, de très loin.

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