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man playing saxophone

Les showcases de Jazz Session #3

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Guillaume Malvoisin

Crédit photo : Florian
Jannot-Caeilleté

Porosité esthétique, croisements des publics. La thématique de la Jazz Session #3 marchait sur ces deux
jambes. Dans leurs pas, Arnaud Merlin relevait qu’il y a une quinzaine
d’années, ces questions auraient posé la question du métissage. Mot aujourd’hui
disparu dans les classeurs des ministères et des mutations du discours.
Naturellement ? Oui. À voir comment les jeunes musiciens intègrent les outils
numériques à leur parcours, on imagine vite la bousculade qu’ont subi les
langues du jazz, leurs esthétiques et leurs cloisonnements. Les quatre concerts
de la soirée dansaient, eux aussi, dans les pas de cette hybridation.

Quatre concerts, donc. Deux salles, deux ambiances. 18h. C’est le
décloisonnement des lieux qui entre en jeu. Cosmos pose son duo à la galerie
Cheloudiakoff, lieu encore marqué par les dernières réussites du festival Be
Bop Or Be Dead. En janvier, ça vit encore. Impro versus arts plastiques. Bar
ouvert, public debout, on poursuit in vivo les réflexions émises plus tôt dans
la journée au Conservatoire Dutilleux. 
Afterwork de fin de table ronde, la musique prend la parole aux mots.
Scories stellaires et pulsars divers. Cosmos mêle soft impro et astronomie. Sur
leur trajectoire, Tom Juvigny et Victor Prost poseront quand même quelques
accords de septième réglementaires, des mini-breaks de faux funk — comme disent
les britons, et autres relances frappées sur caisse claire. Pas de traduction
cosmo-nébuleuse pour autant, le jazz du duo, posé à cheval entre le 71 et la
Côte d’Or, va chercher la jonction ailleurs. Dans les récits contenus dans des
morceaux comme Big Bang, Nova et le plus calme Curiosity, sans nécessité de scaphandre
ni d’oxygène supplémentaire. Cosmos aime le danger, l’espace et les trous noirs
qu’ils évitent comme on évite les flaques. En sautant par-dessus. Primesautier.
C’est cursif, c’est pensé, c’est malin.

20h. Mouvement de foule à La Poudrière. Finie les révolutions
planétaires, retour sur cette bonne vieille Terre. The lion sleeps tonight et calée entre ses griffes, la SMAC
belfortaine accueille trois versions de l’hybridation à l’honneur de la Jazz Session.
Le Lilas trio vient de Mâcon, et garde de la fleur éponyme le bleu et la
douceur. Smooth, pastel and cool. C’est bourré d’urgences contradictoires, de
souvenirs d’enfance et d’impatiences en soubassements. C’est pourtant fluide à
l’envi. À l’image du jeu patient de Stéphane Morilla aux Rhodes. C’est boisé,
simple et clair. Une façon de bonheur simple, à entendre à loisir dans un track
à la référence explicite comme Monsieur Shorter. Ne passons pas à côtés des
choses simples.  Décloisonnement suite,
fraction héritage et pédagogie. Le Jazz Fusion Project entre en scène.
Stabilisé depuis 2007, dans l’Aire Urbaine, le combo met en acte le
décloisonnement des pratiques et de styles quitte à tenter, sans coup férir, la
Free Salsa ou le Steam Bop. Libre aussi, le dernier trio à jouer. On clôt ce
triple set, c’est cocasse par le trio Inicial, porté avec une ferveur hors
norme par Vladimir Torres. Inicial trio. Ça initie quoi ? La quête personnelle
d’un rythme. À voir comment Tom Moretti drive les assauts à la contrebasse de
Torres, il doit y avoir un peu de cela. Et au milieu, un peu de Haden, de
Holland, aussi. Inicial est un trio de son temps, les réseaux sociaux
s’invitent sur scène et un morceau comme Strange ways, sans Morrison laisse
avec les portes de la perception grande ouverte. Pas mal pour fermer le ban de
cette soirée.

Quelques photos de l’événement ci-dessous ainsi que sur le site du CRJ :