Crédit photo : Clément Merienne

Constitution du groupe : Clément Merienne (piano), Jonathan Chamand (contrebasse), Loup Godfroy (batterie)

Guillaume Malvoisin

Cette satanée COVID nous oblige à vivre dans le flou du présent. Mais, dans ce flou imposé, une jeune formation, qui fourbit ses armes et son son de scène, peut-elle entendre aujourd’hui ce que sera dans 3 ans son élan et sa musique ? Felsh le fait aisément, sans forfanterie ni bravade. Tranquille.

Musicalement, le trio se projette dans une veine similaire, « avec une palette sonore plus vaste et surtout en tournée en Norvège. Le pianiste part étudier là-bas et on compte bien en profiter pour importer notre trio bourguignon. » Rendez-vous dans l’Europe de 2023, pour vérifier les pronos de Jonathan Chamand, contrebassiste de la formation et porte-parole pour ce papier de ses deux comparses : Clément Merienne (piano) et Loup Godfroy (batterie). Basse, batt’ piano. On est dans la norme jazz. Classique Felsh ? On rembobine. Comment s’est créé le trio ? Réponse fréquente pour la jeune génération de la BFC jazzée : au Conservatoire. « On s’est rencontré pour jouer des standards de jazz qu’on a immédiatement mélangés avec de l’improvisation libre, on était tous d’accord, tout était simple et nous avons décidé de continuer avec nos propres compositions. » Liberté et écriture sont à parts égales au sein du trio. Soin des cadences, minutie des arrangements, reste à voir comment cela survit en live : « Sur scène on a des signes très clairs que ce soit musical ou physique et surtout on se connaît assez pour jongler avec les moments acrobatiques ». Voilà pour la technique, côté musique, si on empile les briques façon Pyramid, on peut avoir, « en trois » : pesanteur organique, élévation et transe. On joue aux influences ? « Benoit Delbecq, Ramon Lopez, Sylvain Darrifourcq, Thomas Morgan. » Il y a pire comme collec’ de Saints Patrons. Le jeu de Felsh y gagne de la fraicheur, de la fluidité, de la rapidité dans la circulation des idées. La musique se love aisément dans l’oreille, y reste tranquillement. Pas mal. À l’opposé du patronyme du trio, qui lui voient choquer le tympan, ou du moins l’interloquer joliment. On connait Welsh, on connait Falsch, mais Felsh c’est quoi ? « On essaye d’avoir une sonorité ‘inventée’ avec une recherche sur le timbre, les textures et même l’utilisation d’outils qu’on ne retrouve pas sur scène habituellement. Et pour des sons inventés quoi de mieux qu’un nom inventé ? » Pas mieux, c’est marrant cette sonorité presque pas « jazz ». Presque une fausse piste donnée à l’auditeur. « Non, au contraire, on essaye d’être le plus honnête possible et d’étendre encore ce qu’on appelle le « jazz ». C’est si compliqué de mettre une esthétique sonore dans une boite ». Cherchez le son le plus honnête possible, c’est vaste et c’est très beau. Comment on s’y prend pour trouver cela ? « Il n’y a pas de méthode à proprement parler, c’est entendre un son à l’intérieur de soi et essayer de le faire apparaitre, ça peut être très rapide comme très long en passant par de la recherche. » Alors, ça passe forcément par la reconnaissance de ses limites. « Alors là, on en a beaucoup ! Mais on essaye, on ose, on navigue vers l’inconnu et parfois on écarte un peu plus les cloisons artistiques. » Felsh, dans ce décloisonnement constant, on l’imagine assez vite, ce doit aussi un son qui bouge énormément, le trio est en pleine évolution de ses moyens et de ses ressources musicales. « Evidemment la musique est influencée par la vie, celle-ci n’arrête pas de se mouvoir et danser avec le présent fait partie de notre art. » Marrant, Felsh! deviendrait presque une interjection parfaite.

FELSH! bénéficie du dispositif missionnement du CRJ. Plus d’infos : https://www.crjbourgognefranchecomte.org/aides-aux-artistes

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