Pascal Anquetil

Cinq ans après « Dramaticules », suite de saynètes onirico- tragicomiques inspirées par Samuel Beckett, le duo Dominique Fonfrède (voix, textes) et Françoise Toullec (piano, compositions) récidivent avec un nouvel album étrange et pénétrant comme peut l’être le rêve. Composé de douze séquences mouvantes et délirantes, théâtrales, poétiques et ludiques, toujours très « dramaticulesques », le disque invite à aiguiser notre écoute et libérer nos oreilles afin de mieux découvrir et apprécier une musique transgenre, ouverte, impossible à mettre en cage ou en case parce que faite d’improvisations toutes différentes, toutes longuement travaillées, finement ouvragées, toutes sonnantes comme des compositions instantanées. Résultat : au fil des plages de « Ça qui est merveilleux » (titre emprunté toujours à Beckett) ça étonne, détonne, déroute, bouscule, affole, déboussole, rigole ; ça grince, miaule, murmure, grogne, éructe, etc. Les diverses et variées élucubrations vocales de Fonfrède vont avec une virtuosité d’acrobate du râle au rot, du marmonnement d’onomatopées au déchaînement de borborygmes. La voix de Dominique Fonfrède, c’est la voix dans tous ses états : parlée, chantée, déclamatoire, mâchonnée, claquée, slappée, bafouillée, bruiteuse, rieuse. Voix de tête ou voix de gorge pour chant diphonique à la manière des moines tibétains. Voix stimulée, provoquée par les éclats de piano bien inspiré de Françoise Toullec, piano savamment étendu avec ses cordes pincées comme une harpe et préparées avec force gommes et baguettes. C’est toujours sur le fil du rasoir que ces deux aventurières complices inventent tout au long de ce drôle d’album une conversation vive et interactive et réalisent, grâce à un subtil tuilage de la voix et du piano, des charpentes sonores aussi fragiles qu’éphémères.

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